La deuxième partie du film Ça d’Andrés Muschietti sort dans nos salles mercredi et je me suis dit qu’il serait intéressant de revenir sur la première partie, ainsi que le film de 1990, mais aussi sur le livre lui-même que nous allons aborder maintenant.

Ecrit par celui qui est considéré comme le maître de l’horreur, le prolifique Stephen King, Ça a été rédigé en quatre ans, entre 1981 et 1985, pour être finalement publié en 1986 en Amérique et en 1988 en France. Plus de mille pages dans son intégralité, Ça est l’un des romans les plus célèbres et les plus appréciés de Stephen King. Véritable succès mondial, il est encore aujourd’hui une référence du genre horrifique, abordant un large panel de thématiques récurrentes de l’auteur, comme le passage à l’âge adulte ou la symbolique du monstre.

Pour faire court, le roman raconte l’histoire de sept enfants de Derry, formant un groupe très solidaire, le Club des Ratés, qui vont être confrontés à une entité maléfique nommée Ça, pouvant prendre de nombreuses apparences, la plus récurrente étant celle du clown Grippe-Sou. En parallèle, le roman nous raconte aussi l’histoire de ces personnages devenus adultes vingt-sept ans plus tard, retournant dans la ville de Derry pour affronter la créature qui est réapparue.

Alternant deux périodes, l’été 1956 et le printemps 1986, King construit son livre comme un pont entre l’enfance et l’adulte. C’est selon moi, le meilleur roman de King sur les répercussions des traumatismes de l’enfance sur l’adulte, car le plus abouti, notamment dans sa construction mais aussi dans le traitement de ses personnages et l’enjeu proposé dans le livre : le retour à Derry, le retour à l’enfance pour exorciser les peurs, vaincre les monstres et devenir définitivement adulte, entier, accompli, malgré les sacrifices.

Il en va de même pour son traitement du monstre et sa symbolique, alternant les créatures effroyables que prend Ça, créant un bestiaire des peurs de l’enfance (classique dans son ensemble, mais néanmoins efficace) notamment l’antithétique clown, qui ici, ne fait pas rire mais effraie. Sans parler de l’influence de Lovecraft sur la vision d’entités monstrueuses cosmiques et invisibles.

Mais King parle également du monstre qui se cache dans l’humain : le père de Beverly, la mère d’Eddy, ou encore Henry Bowers. Des monstres qui se retrouvent dans la vie d’adulte des personnages mais qui disparaissent une fois le mal définitivement vaincu.

Concernant l’écriture, je n’ai jamais trouvé que Stephen King avait une plume très riche, son écriture étant assez blanche, très accessible certes, mais qui manque parfois de variété. D’où l’inégalité dans la qualité de ses œuvres (en même temps, vu le nombre de bouquins publiés, on peut lui pardonner… ou pas). Cela dit, il reste un grand créateur d’univers. Dans le cas de Ça, la ville de Derry est presque un personnage à part entière, tant elle foisonne de détails que ça soit dans sa description sur les deux périodes, mais aussi avec ses faits divers qui entrecoupent le récit et durant lesquels Ça se manifeste, le liant étroitement à la ville qu’il hante. On y voit aussi le lien de King avec son affiliation au Maine (beaucoup des actions de ses romans se déroulant dans cet État) et déceler des éléments autobiographiques dans Ça ne serait pas totalement dépourvu de sens quand on sait que les enfants du Club des Ratés ont le même âge que leur auteur.

Il y a encore beaucoup à dire sur cette œuvre, mais l’heure n’est pas aux détails. Néanmoins, Ça reste l’un des livres les plus importants de Stephen King à côté du Fléau,Carrie, Misery et Shining…entre autres.