À mon dernier anniversaire, parmi les livres qu’on m’a offerts, il y a eu Le manoir des sortilèges de Serge Brussolo (merci Andréa ^^). Honte à moi, je ne connaissais pas cet auteur. Et d’après le petit sondage effectué sur Instagram, il semblerait que je ne sois pas le seul. Alors, avant de parler du livre, un petit mot sur cet auteur français, extrêmement prolifique. Né à Paris en mai 1951, désireux de vivre de sa plume dès l’âge de douze ans, la carrière du monsieur commence en 1980 et se poursuit jusqu’à aujourd’hui. Et en quarante ans de carrière, il n’a pas chômé, publiant plusieurs œuvres dans une même année. Touche à tout, Brussolo a écrit pour la jeunesse, mais aussi de la science-fiction, du thriller, du policier, de l’épouvante, du fantastique, de l’historique… Il a à son actif pas loin de cent cinquante œuvres, publiées chez divers éditeurs : Fleuve noir, Denoël, éditions du Masque, Bragelone, Gallimard, et j’en passe. Son travail lui a d’ailleurs valu de nombreux prix littéraires de l’imaginaire (Grand prix de l’Imaginaire, Rosny Ainé, Apollo…)

Vous l’aurez compris, le type envoie du lourd, et pour illustrer cela, je vais vous parler de l’un de ses romans, le premier que j’ai eu le plaisir de lire : Le manoir des sortilèges.

Publié en 1999, l’intrigue se déroule dans une France moyenâgeuse où la chevalerie, les superstitions et la chasse aux sorcières vont bon train. Suite à la mort de son maître, Gilles devient l’écuyer du terrifiant Foulque de Braz, chevalier à l’armure rouillée, maudit et missionné par l’Église pour se rendre au manoir de Niel et y retrouver un grimoire contenant les formules magiques capables de briser tous les sortilèges, notamment celui qui oblige le chevalier ensorcelé à dévorer les enfants les nuits de pleine lune.

Je n’en dis pas plus. Pas de fantasy ici, nous sommes dans un pur roman d’aventure médiévale fantastique. Et justement Brussolo va jouer sur les croyances et légendes de l’époque pour construire son univers, apportant une ambiance malfaisante, sinistre. Sortilèges, château hanté, personnage maudit, tout y est, et pourtant, derrière chaque aspect démoniaque se trouve une explication logique (apparemment la marque de fabrique de l’auteur de ce que j’ai pu en lire).

 

— Ils sont ensorcelés, c’est ça ? haleta l’écuyer. Ça ne peut être autre chose. D’ordinaire, les brebis ne se conduisent pas de cette manière.

La jeune femme plissa les yeux.

— Je crois que c’est plus simple, dit-elle à voix basse. On les rendues méchantes en leur faisant manger des herbes qui développent l’agressivité. En Orient, on utilise une plante nommé haschich pour rendre invincible les exécuteurs de certaines sectes. Je pense que la bergère leur faisait brouter du fourrage mêlé à autre chose, ce régime leur a déréglé la cervelle.

 

On est clairement sur cette fameuse frontière qu’est le fantastique, où réalité et imaginaire se frôlent, s’entremêlent et se délient au fur et à mesure de la progression de nos personnages. Déjouant les pièges du manoir, les péripéties s’enchaînent, avec une forte accélération dans les trente dernières pages, menant à un dénouement des plus grisant.

Outre le rythme et la fluidité d’écriture qui m’ont convaincu du talent de Brussolo, c’est surtout son utilisation de la langue qui m’a beaucoup plu ici. Si le style rend la lecture aisée, accessible, il ne se prive pas non plus d’apporter un jargon d’époque, un vocabulaire et une syntaxe propres à la période qui donnent une couleur médiévale à son texte, le rendant plus vivant encore :

 

— Messire, dit l’inconnu, il est temps d’en finir. Je vous ai laissé l’avantage, mais les dieux n’ont pas daigné armer votre bras et je n’ai pas même perçu le souffle de vos attaques. C’est à mon tour de frapper. Levez votre écu et gardez-vous de ma pointe car je ne vous ferai pas l’affront de vous ménager. Vous êtes homme de guerre et vous verriez sans doute d’un mauvais œil qu’on vous dorlote comme une pucelle. 

 

Une excellente lecture que je recommande à tous les amateurs de roman d’aventure chevaleresque, d’histoire de sorcière, de cannibalisme et de château hanté.

Pour conclure, je vous laisse les quelques titres de Serge Brussolo que j’ai ajoutés dans ma wish list. À noter que c’est une liste non exhaustive, tant le bougre a signé d’ouvrages. D’ailleurs, si vous voulez ajouter des titres incontournables du bonhomme, n’hésitez pas.

Merci et à très bientôt.

Mes prochaines lectures de Serge Brussolo et merci à Phillip et Anaïs pour leurs recommandations :

— Les Enfants du crépuscule

— Les Emmurés

— Les Geôliers