Si je suis passé par Publishroom pour auto-éditer mon premier roman l’inspiration des best-sellers, c’était par peur de mal faire en ce qui concerne la mise en page, la mise en ligne et les démarches administratives. Mais pour le second, je me suis rendu compte que tout cela n’était pas sorcier et qu’en préparant bien son projet, on pouvait (presque) tout gérer soi-même.

Donc vient la préparation de mon second roman : Edward Sakedos l’apprenti nécromant. Pour la version numérique, je compte le laisser exclusivement sur Amazon pour l’inscrire au KDP Select. Mais pour la version papier, je ne voulais pas laisser le monopole au géant américain. Je savais que beaucoup de lecteurs refusaient de passer par Amazon et je voulais que ceux qui désiraient le commander à la Fnac, à Cultura ou même chez leur libraire préféré, puissent le faire. Il me fallait donc un prestataire pour la distribution. Et en fouillant sur Internet, j’ai opté pour Bookelis. À quelques détails près, c’était exactement ce qu’il me fallait. Mais finalement, après un an chez eux, Bookelis a révélé plusieurs défauts et certains peuvent coûter cher.

Bookelis, c’est quoi ?

 

Contrairement à Publishroom qui gère la création de votre livre de A à Z, Bookelis rend indépendante chaque étape. Si vous voulez utiliser votre propre ISBN ou leur demander de vous en fournir un, vous pouvez. Si vous voulez publier juste votre ebook ou votre livre papier, ou les deux, vous pouvez. Pour la couverture, si vous avez la vôtre, c’est parfait, sinon ils ont un éditeur de couverture. Si vous voulez gérer votre ebook via vos propres comptes Amazon ou Kobo, mais que vous voulez les laisser gérer d’autres comme Apple Books, c’est possible aussi. Bref, Bookelis dispose de plein de formules, plein de tailles de livre, plusieurs types de papier… C’est super !

 

Pourquoi suis-je passé par eux ?

 

Comme je l’ai dit plus haut, je voulais gérer mon ebook tout seul via Amazon, mais trouver une plate-forme qui distribue la version papier dans n’importe quelle librairie. Et justement, Bookelis le permet avec le Pack distribution Hachette. Mah c’est quoi ? En payant un minimum de 96€ pour l’année, votre livre sera disponible à la commande dans toutes les grandes librairies de France. Et l’offre peut s’étendre à toute la francophonie pour 132€ et même au monde pour 156€. Sachant que si vous renouvelez l’année suivante, vous avez une réduction de 30%, puis 50% l’année suivante, jusqu’à 90% pour la cinquième année. Et si vous prenez deux packs, le troisième est offert. Mais que c’est beau !

 

Quelles contraintes ? Déjà, oubliez le joli papier, vous serez obligés de prendre l‘offset 80g/m2 pour cette option (on est à 10g/m2 de moins qu’avec Amazon, mais ça passe). Ensuite, vous ne pourrez pas utiliser votre propre ISBN, c’est obligatoirement Bookelis qui vous le fournit. Si jamais vous vous posez la question, ça ne change absolument rien sur vos droits d’auteur : votre livre reste entièrement à vous.

Dommage pour le papier, je me dis qu’au moins, mon livre sera disponible partout, et mes lecteurs auront le choix pour la commande, c’est ce que je veux. Je me lance !

 

Ce qui marche bien

Déjà, niveau qualité d’impression, on est au-dessus d’Amazon : la coupe est respectée, la couverture ressort comme il faut, les livres sont bien emballés.

Le bouquin est bien disponible en librairie et sur notre espace perso, on a un suivi des ventes tous les mois. Bien sûr, on doit atteindre un minimum de 30€ de redevance pour avoir un versement qui se fait par quadrimestre. On est donc loin de l’efficacité d’Amazon avec son versement mensuel. Mais bon, aucune surprise de ce côté-là.

Et… C’est tout… Ce qui est déjà pas mal : ils font bien leur taf.

 

MAIS … Parlons des défauts et des contraintes !

 

Et là, Michel, attache ta ceinture, car il y en a. Alors, je précise qu’il s’agit de mon expérience personnelle, en rapport avec mes propres exigences. Les services de Bookelis ne sont pas mauvais, ils font bien leur boulot, mais il y a dans leurs procédures et leurs conditions des éléments dont il faut avoir conscience avant de se lancer, d’où l’intérêt de cet article.

Déjà, premier point qui pique : le prix !! Ils sont chers. Pour imprimer Edward Sakedos, soit 274 pages dans un format A5 avec du papier premier prix et une couverture couleur, on en a pour 7,99€ l’unité. Bien sûr, le chiffre diminue quand le nombre d’exemplaires commandés monte. Pour une commande de 30 livres, je tombais à 6,50€ à peu près. Le vendant 16€, la marge était acceptable (je ne voulais pas non plus le vendre 20€, on parle d’un roman jeunesse peu épais et auto-édité, je ne suis pas J.K. Rowling). MAIS ! Les frais de port… eux, ne diminuent pas. Ils commencent à 6,50€ (pour un livre comme Edward Sakedos) et grimpent au fur et à mesure pour n’être offerts qu’à partir de 500€ de commande. Et bien sûr, le bénéfice en prend un coup aussi.

Ensuite, je ne sais pas si je suis un cas isolé, mais pour importer la couverture de mon livre sur leur site, c’est la croix et la bannière. J’avais beau respecter les mesures, le gabarit, le format, je devais m’y prendre à plusieurs reprises avant que, miraculeusement, la couverture soit validée. Si vous vous tirez les cheveux sur Amazon, vous risquez de finir chauve chez Bookelis.

Maintenant, revenons sur le fameux Pack Hachette qui m’a fait opter pour Bookelis. J’ai pris la formule à 132 € pour le rendre disponible à la commande en France, en Belgique, en Suisse et au Québec. Il y a la possibilité de profiter de ce Pack gratuitement grâce au programme les pépites de Bookelis, en vendant suffisamment de livres de votre côté (je vous laisse aller voir sur leur site pour connaître les conditions).

Je savais que je n’allais pas faire beaucoup de marge, mais l’objectif était de récupérer l’investissement pour renouveler l’abonnement l’année suivante (avec la réduction, bien sûr). Objectif réalisable, malgré la redevance de… 15%. Donc sur une vente de Edward Sakedos à 16 €, je touchais un peu plus de 2€. Ce n’est pas ouf du tout. Et le pire dans l’histoire c’est que, rappelons-le, j’ai fait ça pour ne pas donner le monopole à Amazon. Finalement, plus de 80% des ventes se sont faites via Amazon (lool). Si j’avais mis mon livre directement sur cette plate-forme, j’aurais touché bien plus, même en me passant des quelques ventes faites sur la Fnac et Cultura.

Pas grave, mon but n’était pas (que) de faire du chiffre, mais de le rendre accessible chez un maximum de libraires. #éthique #moquezvousdemoi.

MAIS ! Il y a un gros MAIS ! Un MAIS dont il faut avoir conscience avec le Pack Hachette. Déjà, si vous le prenez, vous devrez choisir si vous autorisez le renvoi des invendus. Pour faire simple, si un libraire prend quelques exemplaires de votre livre, mais qu’il ne parvient pas à les vendre, il peut les renvoyer si vous autorisez le retour. Dans le cas contraire, il sera tenu de les vendre pour ne pas enregistrer de pertes. En général, la plupart des libraires refusent de prendre un livre en dépôt s’ils n’ont pas la sécurité de le renvoyer. Vous allez me dire « bah pas grave, s’il ne le vend pas, il le renvoie et on le met de côté » eh bah non ! Hachette ne marche pas comme ça : si le livre est renvoyé, il part directement au pilon : on ne le conserve pas, on n’a pas la place, Michel ! ET !! ce n’est pas Bookelis qui va payer l’impression, c’est vous !! Donc, vous perdez de l’argent, clairement !

ET CE N’EST PAS FINI !

Car, vous êtes prudents, vous refusez les retours des libraires : vous ferez les dépôts-ventes vous-mêmes, si jamais le libraire ne vend pas, vous récupérez votre pavé et vous le vendrez en salon ou ailleurs ; il ne finira pas au pilon et vous ne vous retrouverez pas avec du négatif dans votre tableau des ventes. Mais, les lecteurs qui commandent votre livre sur Amazon, ou sur la Fnac, ou à Cultura… ou n’importe quelle librairie en ligne, ont le droit de retourner le produit sous quatorze jours. Et s’ils le font, vous avez beau toucher vos 15%, vous devez aussi payer l’impression, car le livre finit à la broyeuse… et comme Bookelis coûte un œil… vous perdez de l’argent.

Fin 2020, je réalise que quatre livres ont été retournés et que 22 euros se sont fait la malle. Et quand j’appelle Bookelis pour savoir s’il y a eu un souci d’impression, de livraison, de fichiers… si mon livre est nul… La réponse c’est : « On ne sait pas, on n’a aucune info ».

Bref, au revoir Bookelis !

Après, relativisons. Je pense que ce genre de pertes est assez rare. Mais pour rattraper un retour et une mise au pilon, vous devez effectuer deux ou trois ventes derrière… ça peut donc dégringoler très vite.

Et bien sûr, ça n’arrive pas sur Amazon : un livre est renvoyé, ils le mettent de côté, et surtout, ils ne vous feront pas payer l’impression (après, c’est Amazon, les types ont de la marge).

 

Pour finir, je tiens à le préciser, Bookelis fait du bon boulot, mais leurs prix sont assez élevés (et ce ne sont pas les pires, The Book Edition n’est pas donné non plus), leur interface est claire (sauf pour uploader les couvertures) et leur FAQ est complète. Ils répondent rapidement aux mails (du moins pour les renseignements, si vous avez un problème, il n’y a plus personne) et… c’est déjà bien, je suppose.

Mais si vous voulez faire du chiffre et ne pas avoir de mauvaises surprises, je ne les conseille pas. Si les gens ne veulent pas passer par Amazon pour acheter votre livre, démarchez vous-mêmes auprès des libraires ou créez (ou faites créer) votre boutique en ligne, vous y gagnerez davantage.

 

Merci de m’avoir lu. Si vous avez des questions, des retours d’expérience ou des remarques, vous pouvez les mettre en commentaires. N’hésitez pas non plus à partager un maximum, surtout si vous connaissez des auteurs, ça pourra peut-être les aider.

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